Développement

Retour à la base

« En milieu rural, le développement  commence à “la base”; il passe d’abord par l‘agriculture et l’élevage qui sont les activités principales des populations paysannes ». (Séda Bawiena, initiateur du CIDAP)

Au Togo, plus de 65% de la population vit en campagne et subsiste grâce au travail de la terre. Le paysan doit se nourrir, mais il doit aussi, par son travail, subvenir aux besoins des populations urbaines. Pour obtenir un rendement satisfaisant de ses champs, le paysan doit miser sur un cycle fermé et complet entre agriculture et élevage, afin que les sous-produits de l’agriculture puissent nourrir son bétail, et, qu’en retour, les déchets  des animaux, mélangés aux feuilles et végétaux morts, soient utilisés pour fabriquer le fumier. Ce dernier constitue un véritable capital  pour le paysan nawda : il sert à transformer la terre pauvre  en une terre “vivante”, riche et fertile.

Partir de la tradition pour construire l’avenir

L’idée est de reconsidérer le savoir-faire et les techniques traditionnelles (connaissance du milieu, des plantes et d’une certaine conception de l’environnement), de comprendre la structure sociale des communautés,  afin de développer des techniques agraires adaptées et de réhabiliter un certain savoir-faire local tout en y apportant des innovations.

« Partir du traditionnel pour bâtir la modernité » : telle est la philosophie du développement proposée par le CIDAP.

Former l’homme

Au-delà de la pauvreté  “matérielle” des populations ou de celle qui caractérise les sols de cette région déshéritée du Nord Togo, le CIDAP veut combattre la pauvreté du genre humain : celle de l’esprit des hommes. Elle constitue, du point de vue  du fondateur du CIDAP, le principal frein au développement des communautés locales.

C’est pourquoi le CIDAP  a misé  sur l’éducation des jeunes  du milieu en proposant un institut de formation. Il s’agit de former une nouvelle “génération” d’agriculteurs, capables d’assurer le développement  durable dans leurs communautés respectives. De cette manière, il n’est plus nécessaire d’avoir recours à des agents de développement extérieurs qui ont souvent des difficultés à cerner les besoins des populations et la réalité du milieu.

C’est dans le but d’impliquer les populations dans leur propre développement que l’institut de formation technique Ifaéfa-basanté a été créé par le CIDAP en 2003: cette “école de la vie” forme  les acteurs du développement socio-agricole de demain.

Parallèlement à la formation des jeunes, le cidap, depuis 25 ans, forme les masses paysannes aux techniques “améliorées” du travail de la terre. La participation active des paysans aux différentes étapes d’un travail agricole collectif (notamment au moment des récoltes à l’occasion desquelles les paysans peuvent, de leurs propres yeux, mesurer le fruit de leur travail) constitue un des principes fondamentaux de la philosophie du développement proposée par le CIDAP. En travaillant collectivement dans les champs du CIDAP, les paysans  expérimentent et s’approprient de nouvelles techniques qu’ils appliquent ensuite sur leurs propres champs.

Le CIDAP veut que l’homme Africain  “soit debout”, qu’il se relève et propose ses propres initiatives au lieu d’attendre que de grandes institutions internationales d’aide au développement prennent les décisions à sa place et lui envoient de l’argent. L’homme doit travailler par lui-même et pour lui-même avant  que les aides extérieures puissent véritablement lui profiter.

Mettre la femme en avant

Le CIDAP est né grâce à la participation des femmes du milieu. Elles ont été les premières, il y a 25 ans, à s’organiser pour soutenir l’initiative proposée par son fondateur. Les femmes, véritables fers de lance du développement du projet et, plus fondamentalement, de leurs communautés, ont formé la fédération des femmes BAKOTÉ, une association qui a rapidement atteint un effectif de plus de 300 adhérentes venues des villages environnants. Formation, entraide, actions communautaires, création de groupes de travail et d’une banque rurale ont vu le jour… les vies de ces femmes et de leurs familles ont été transformées.

« Le développement, pour être réussi, doit passer par la femme car elle joue un rôle primordial dans la société africaine. Tout projet de développement qui ignorerait la femme semble voué à l’échec » (Salim Dara, secrétaire du CIDAP)

Soutenir l’individu

« Avant d’organiser les hommes de manière collective, il faut aider l’homme individuellement » (Justin Batanta, animateur du Cidap)

Quand l’homme prend sa propre vie en main, qu’il se développe individuellement, il transmet son savoir aux siens, à sa famille, à ses amis et à ses voisins et le développement peut alors se voir de manière collective, pour finalement concerner l’ensemble de la communauté.

C’est dans cette perspective que le CIDAP accorde une place de premier plan au soutien individuel. Il apporte son aide aux plus démunis (vieillards, veuves, femmes seules, orphelins…), propose des activités rémunérées et transmet au plus grand nombre des techniques  de restauration des sols selon les méthodes “améliorées” développées en collaboration avec les paysans du milieu.

Proteger l’environnement

Dans la culture et la religion traditionnelle nawda, chaque plante, chaque arbre, chaque animal a une place et un rôle à jouer dans l’équilibre du monde, entre l’homme et son environnement.

Depuis 25 ans, le CIDAP s’est fortement impliqué, au sein des communautés locales, dans la protection de l’environnement  et de la biodiversité (sauvegarde des forêts, des espèces menacées, lutte contre les feux de brousse)  et dans la restauration biologique des sols.

Il s’agit, pour l’homme nawda, de protéger la nature afin de conserver une certaine noblesse de vie. Mais il s’agit aussi  de respecter certaines croyances et de se nourrir de la tradition locale pour construire un avenir stable et envisager le développement durable de l’homme en accord avec son milieu. L’arbre et la forêt occupent une place centrale dans la culture, les croyances et le savoir-faire des Nawdba. Protéger l’arbre, c’est protéger l’environnement mais aussi l’homme, la société, son histoire et son identité.

Un partenariat de coeur

Il y a 25 ans, le CIDAP a vu le jour grâce au travail acharné de Séda Bawiena, son fondateur. Les femmes des villages environnants, puis des amis rencontrés en chemin, se sont fédérés autour du projet. Certaines ONG ont également apporté leur aide ponctuelle.

Un principe fondamental est au centre des relations entre le CIDAP et ses partenaires : l’écoute, l’échange et le respect des valeurs du CIDAP. Le CIDAP a toujours été et le maître de ses actions et de sa destinée. Les hommes du milieu savent – mieux que quiconque – quels sont les besoins des populations locales. Le CIDAP propose ses projets  à ses partenaires qui apportent, s’ils adhèrent aux idées proposées, leur soutien (matériel, logistique ou financier).

Les partenaires sont d’abord et surtout des amis du CIDAP. C’est un partenariat de coeur et de conviction, pour le développement de l’Afrique par l’Africain.

Les partenaires actuels sont APATAM (ONG franco/sénégalaise), ASTM (ONG luxembourgeoise), ainsi que différents cercles d’amis en Allemagne et en France.

Projets futurs

La création d’un atelier/magasin de transformation des produits  agricoles (fruits séchés, confitures, pain, biscuits, boissons, etc…) est en cours de réalisation. Il s’agit de transformer et commercialiser les produits du CIDAP dans la région et dans la capitale.

Depuis plusieurs années, le CIDAP  tente d’installer l’électricité et l’eau courante au Centre (dont une grosse partie de solaire).

Il est également question d’ouvrir une infirmerie afin de pouvoir soigner les élèves de l’institut, les acteurs et les paysans  qui viennent travailler et se former au CIDAP.

La Forêt Danse donne à voir une histoire d’espoir, d’auto-suffisance et de prospérité en contraste direct avec les histoires désespérées généralement rapportées d’Afrique

- GreenMuze Magazine